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Collègues, sources d’inspiration

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Les ateliers d’écriture… les units, les writing workshops, les minileçons, le référentiel d’intervention en écriture…

Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, ces mots sont abondamment prononcés dans mon quotidien! Où que j’aille dans des rencontres pédagogiques, j’en entends parler.

Une mode. On croirait à ça! Un miracle. On attend ça!

Baillargeon, dans son livre Petit cours d’autodéfense intellectuelle, nous met en garde contre les modes, les phénomènes grégaires, la quête d’un Saint Graal; les mythes et les légendes naissent des échanges remixés par le téléphone, celui auquel on joue!

Je suis un fervent amoureux de la science, dit-il. La science est le meilleur moyen que l’humanité ait trouvé pour connaître. On sait peu de choses, notre savoir est limité, et la science est un moyen limité de connaître, mais c’est le seul dont on dispose.» La science et un petit guide d’autodéfense intellectuelle, pour affronter la vie.

J’ai donc entrepris de lire, de lire et de lire ces livres publiés par Heinemann-dedicated to teachers MD, Chenelière Éducation, ces articles du CTREQ, des Presses de l’universités, etc. J’écoute plus aussi. J’écoute nos échanges pédagogiques, nos traductions de la réalité, et je tente de comprendre la situation en m’appuyant sur toutes les lectures faites jusqu’à présent qui sont des outils intellectuels pour réfléchir à une situation, la comprendre et pouvoir en influencer le cours.

 

Au fil de mes lectures au sujet des AE, j’ai découvert la structure  de Calkins, l’organisation d’Atwell, l’ouverture de Kittle, la passion de Graves.

 

Ce que j’y trouve est inspirant. C’est le partage de pédagogues qui prennent plaisir à explorer, à chercher, à découvrir et à créer des parcours d’apprentissage au quotidien puis à partager non pas le produit fini, mais bien le processus en n’épargnant pas les obstacles rencontrés et aussi les solutions trouvées puis les réflexions menées!

 

C’est vraiment plaisant à lire! Ce ne sont pas de lourds résultats de recherche présentés avec rigueur et méthodologie, c’est l’histoire d’une démarche pédagogique racontée avec passion, humilité, authenticité et cohérence. Les personnages principaux sont les enseignants et les élèves, on peut s’identifier à eux facilement! Parfois, dans ce genre de lectures, on peut être secoués dans nos croyances, nos valeurs, nos conceptions, nos perceptions : entre ce que l’auteur propose et ce que le lecteur a comme vision du monde à ce moment, il peut y avoir un écart. On appelle ça réagir à une œuvre! Il importe alors de questionner ces réactions pour mieux se connaitre comme pédagogues. C’est pour cette raison que je crois profondément en la richesse d’un partage pédagogique entre passionnés de l’enseignement-apprentissage : on peut réfléchir différemment au contact de l’autre. C’est d’ailleurs l’objet des remerciements de Kittle au début de son livre Write beside them – risks, voice, and clarity in high school writing.

 

Pour écrire des livres, des billets de blogue, des articles en éducation ou encore pour prendre la parole en rencontre, ça prend beaucoup d’humilité. Aussitôt une pratique ou une pensée partagée, elle se retrouve soumise au jugement, car disons-le-nous, on est vite sur la gâchette critique : pelletage de nuages, mes élèves ne sont pas rendus là, ce n’est pas ce dont ils ont besoin pour enrayer leurs difficultés, ça vient des États-Unis, ils n’ont pas les mêmes programmes, qu’on commence par nous donner des conditions adéquates, etc. Ce sont, pour certaines, aussi mes répliques en cours de route… Or, plus j’explore ce que nos collègues partagent, chacun à sa façon, plus je saisis l’essence de ce qu’il y a de commun entre leurs pratiques d’enseignement de l’écriture par, pour et avec l’oral et la lecture.

 

Je découvre alors ce qu’avec mes collègues, sources d’inspiration quotidienne, on a appelé la philosophie des AE. Et cette philosophie se traduit par des attitudes et des comportements. Les comportements sont en fait l’action quotidienne, le scénario de la démarche d’apprentissage, le quoi et le comment, la rassurante et nécessaire sécurité organisationnelle, la traduction concrète de tout ce qu’on sait, qu’on souhaite et qu’on croit. Les attitudes sont alors le pourquoi, les raisons, les croyances, les réflexions, les valeurs, etc. Et puisque « nos actions sont dictées par nos croyances », bien que le quoi et le comment rassurent, si le pourquoi est nébuleux, si le feu qui nous anime est vacillant, il demeure une forme d’insécurité, celle de l’incertitude, du manque de conviction. C’est peut-être le moment où on cesse de croire qu’il y a des solutions.

 

Pourtant, en réfléchissant ensemble sur nos pratiques et sur les apprentissages que nos élèves font, on développe constamment notre jugement professionnel qu’on finit aussi par reconnaitre. Reconnaissons-nous comme professionnels! Exerçons et partageons en professionnels! On a l’avenir entre les mains!

 

 

À venir

Pour découvrir l’essence des AE ainsi que des pistes pour vous accompagner dans vos réflexions et vos choix, cliquez ici (thinglink)

J’ai vu passer une étoile filante…

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Je n’ai pas écrit de l’été. J’ai préféré lire les mots des autres, emprunter leurs yeux pour voir le monde et les laisser m’aider à continuer mon tricot de repères.
Je n’ai pas écrit de l’été.  J’ai eu envie de gouter mon été en en vivant l’histoire.  Et quelle histoire!
Maintenant, il me plairait bien de juste partager avec vous des parcelles de ce au travers quoi mes idées ont voyagé sous le soleil brulant, bien callée dans mon divan, avec des copains qui rendent la vie pétillante, entre les pages de Bauermeister et Hattie, en compagnie de jeunes avides d’apprendre comment ils apprennent et dans une voiture.

C’est le retour au boulot bientôt.  L’été, on se l’est bien tricoté, on s’apprête maintenant à se tricoter une année le plus à notre gout possible. C’est beau l’enseignement et l’apprentissage, mais c’est aussi bien déroutant certaines fois…

Déséquilibres et rencontres

Lire Hattie, Meirieu, Barth, Bruner, Willingham ou Baillargeon, c’est choisir de vivre des lectures confrontantes qui m’ont poussée à ralentir ma cadence de lectrice experte pour prendre le temps de vraiment créer le sens.

C’est poser un regard sur ma qualité d’enseignante, c’est vivre l’état de déséquilibre quand mes repères changent de place.

C’est aussi, et surtout, tenter d’ancrer ces nouvelles idées acceptées dans un quotidien qu’on se répète être exigeant.

Tout ce noir sur papier blanc bouillonne et trace de larges bandes et de délicates notes colorées dans notre réseau des concepts et le schème se précise.

Lorsqu’on fait une belle rencontre, on a envie de la revivre encore et encore en la racontant à ceux qui nous entourent avec les couleurs qu’on y a vues. Or, on se rend vite compte que les mots que l’on tente de choisir pour dépeindre oralement la toile éclatante qui s’est dessinée dans notre cortex à partir des noirs caractères ne réussissent pas à recréer l’éclat… Le partage que l’on espère ne survient pas toujours.

Parfois, l’envie d’entendre cette histoire n’est tout simplement pas au rendez-vous. Parfois, au contraire, c’est le bon moment et les questionnements intéressés et lucides ébranlent la compréhension initiale, obligent à retrouver un nouvel équilibre, à ajouter de nouvelles couleurs. C’est fort des discussions entre professionnels passionnés!

Passion

Et des passionnés, nous en sommes tous. Choisir l’enseignement, c’est un choix de cœur. On pourrait penser que notre cœur est à notre matière. Certes, il l’est, mais il est aussi et surtout à l’apprentissage sinon, on aurait choisi d’étudier en littérature exclusivement, non pas en enseignement du français au secondaire. Notre passion, c’est l’apprentissage, c’est prendre part à la progression de chaque élève. C’est voir l’étincelle de compréhension. C’est avoir le pouvoir de choisir parmi toutes nos ressources celles qui, nous le savons quelque part en nous (l’intuition?), sauront avoir la plus grande incidence sur l’apprentissage de nos élèves. Tous.

La passion pourrait bien être la seule ressource naturelle renouvelable.

                                                                                                                   – Doug Reeves

C’est d’ailleurs cette passion qui m’a amenée certaines fois à rager ou à me sentir impuissante devant les obstacles rencontrés par certains élèves. « Tu ne peux pas tous les sauver », disait-on. Et ça veut dire quoi « sauver un élève »? Ne sera-t-il « sauvé » que lorsqu’il aura atteint le standardisé 60%? Peut-on le considérer « sauvé » s’il parvient à croire enfin qu’il peut lui aussi apprendre? Est-il convenablement « sauvé » s’il développe sa méthode gagnante, s’il identifie ses difficultés et accepte de les surmonter une à une, pas toutes à la fois? Car on peut tous apprendre, peu importe notre âge. « La plasticité du cerveau », affirment les neuroscientifiques. Cela dit, on a parfois l’impression de ne pas toujours avoir les outils pour tous les aider comme on se demande de le faire puisque poussés par la passion que l’on a pour l’apprentissage. « Pour chaque élève, chaque jour, +1 à partir de son point de départ à lui », voilà l’exigence qu’Hattie nous propose d’avoir.

L’apprentissage de l’abstraction. Des lieux communs aux concepts clés.

Visible learning for teachers. Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école?

Légendes pédagogiques. L’école des saveurs.

Les grandes lignes de Visible learning for teachers

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Ces ouvrages mettent des mots sur ces zones marécageuses que le quotidien déjà bien rempli ne nous permet pas toujours d’aller explorer. Ils ébranlent. Dès lors qu’on a nommé l’inconnu, il existe et ne peut être ignoré. On sait qu’on gagnerait à changer certaines pratiques, mais comment? 

Il faut que je refasse tout. Il faut que je travaille jour et nuit. Il faut…

Oui, mais je n’ai pas le temps. Oui, mais ça fonctionnait avant. Oui, mais on n’a pas les ressources. Oui, mais…

Changements de points de repère. Réaction normale, humaine, lucide. L’identification des obstacles est une force. « En sachant ce que nous ne savons pas, on peut apprendre », soulève John Hattie.

Et en sachant qu’on fait partie d’une équipe, on peut aller au-delà de bien des obstacles.

La ligne directrice: une compréhension commune de la progression et du programme

Le coeur: l’apprentissage (l’enseignement est au service de l’apprentissage)

Le moteur: l’erreur, la passion et le feedback

Le cadre: la croyance en la capacité de tous d’apprendre et le climat sécuritaire où l’erreur est identifiée comme un moteur

La formule (et non la recette…): connaitre le bagage des élèves, rendre publiques les intentions d’apprentissage et les critères de succès (comment verra-t-on qu’on a réussi?) avant de s’engager, savoir qu’il y aura diverses routes qui y mèneront (à chaque obstacle/erreur, une nouvelle route se tracera) et préciser ce qui viendra après.

La tactique: bénéficier de la force de l’équipe de professionnels pour régulièrement évaluer, par le biais de la critique partagée, l’impact de nos choix sur l’apprentissage des élèves.

La clé: impliquer l’élève dans la connaissance de sa progression, de son cheminement en l’amenant à avoir une vision de plus en plus juste de sa réussite (self-report grades, 1.44 – John Hattie, Visible learning, 2009). Il choisira de plus en plus les stratégies qui sont gagnantes pour lui, il pourra dire avec de plus en plus de justesse le résultat qu’il peut parvenir à obtenir au regard du succès dépeint dès le départ par l’enseignant, etc.

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L’enseignant est l’acteur principal, par sa passion et son pouvoir d’influence

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Il me reste 71 pages à lire…