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Là…

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Appartement Pavé-uni
05-14 juillet 2012

C’est puissant l’instinct de survie. La force de vivre. Bien que parfois la vie nous joue des tours, personne ne peut vraiment dire qu’il a envie de mourir, qu’il n’a pas peur de la mort. De sa mort.

Il y a cette mauvaise herbe qui, malgré qu’il semblait pour elle ne plus jamais être possible de revoir la lumière, est parvenue à se frayer un chemin entre les grains solidaires de ce sable polymère. C’est puissant cette force de vivre.

Malgré ces instants où, en penchant la tête de côté, on ressent les trapèzes rigidifiés par un quotidien souvent trop lourd…
Malgré ces respirations n’emplissant qu’une partie de ce thorax que l’on peut pourtant gonfler bien encore…
Malgré ces craintes du jugement des autres, bases sartriennes de la psychologie, ces traces du passé, de l’inconscient, parfois même collectif…
Malgré les tuiles qui nous tombent sur la tête, irrespectueuses de notre bonheur…

Il y a ces instants où l’on pense à vous, où une pensée s’élance vers vous, douce.
Il y a ces clins d’œil frais, juvéniles, amusés, moqueurs, coquins, enfants, cette joie tabou de la folie cloîtrée entre les fils barbelés du conformisme dicté. Grégaire phenomenon (en anglais, ce mot a des airs de pharaon)!
Il y a ces découvertes musicales qui vous imprègnent, vous transportent. Elles finissent par porter le goût, la senteur, le ressenti du moment où elles ont fait irruption dans votre vie. Chaque fois qu’on les réentendra, on se rappellera cette soirée de juillet humide à souhait au centre-ville de Montréal, ce souper au Commensal, cette odeur de fumée de cigarette sur le banc de béton où un altruiste cendrier a été fixé.
Il y a ces possibles. Ces soirées tant attendues qui finissent par survenir après quelques détours d’obligations et de conflits temporels.
Il y a ces jours où on a suffisamment de force en nous pour déployer l’arsenal d’efficacité, des jours où on se trouve au top de la hotitude, en contrôle de nos réactions, en paix avec nous-mêmes, à jour dans notre bilan émotif, dans notre carnet de bord de vie.
Il y a de ces nuits de sommeil profond qui nous remettent sur le piton.

Malgré ces attentes déçues, ces attentes vaines, ce rôle de Vladimir ou d’Estragon… on oublie ce là-maintenant qui est le seul à nous appartenir entièrement et que nous sommes les seuls à pouvoir modeler. Avec quels yeux choisissons-nous de voir ce présent? Ceux teintés de fatigue, bouffis par les pleurs des peurs étouffantes ou ceux de quelqu’un qui a choisi de jouer à Vivre et qui, chaque fois qu’il est freiné, sait savourer d’avoir à s’arrêter pour réfléchir à ce défi à relever, à cette embûche qui le force à s’arrêter, à se recentrer, à faire les apprentissages qu’il a à faire avant que le défi soit finalement relevé et qu’un autre se présente.
Malgré que ces moments-là, nous ne parvenions, ni vous ni moi, à les regarder du bon œil…
Malgré ces instants où notre nombril crie si fort qu’on oublie qu’il y en a des milliers à qui la vie n’a réellement pas donné de cadeau et qui utilisent cette force de vivre pour sourire vêtus d’un pagne, pieds nus dans la pierre brulant sous le soleil de leur désert. Ils rient. Ils savourent la vie. La leur. Quelle qu’elle soit!
Malgré ces matins plus difficiles où l’on oublie de jouer notre vie, de nous la façonner belle et bonne à vivre…
Malgré ces temps d’attente bien involontaires de notre part, on oublie qu’il est possible de rentabiliser ce temps et se mettant à jour avec nous-mêmes. Pourquoi se place-t-on en position d’attente? Qu’allons-nous tirer de toute cette histoire? Qu’avons-nous à perdre? D’où provient cette peur qui nous tenaille? Est-ce qu’on sabote soi-même la situation?
Malgré tous ces questionnements aux réponses qui s’entrechoquent, se contredisent, nous tiraillent…
Malgré cette peur d’être trompés, laissés, non aimés, on oublie tout le reste. Notre égo prend le dessus sur tout et plus rien ne goûte que cet amer saveur de peur.

Il y a ces caresses d’enfant, ces cris de joie, cette découverte constante. Devant une girafe live, la vie devient tellement plus belle pour un enfant!
Il y a ces surnoms qui vous sont donnés. Vous passez de Prénom à Surnom! Évolution savoureuse sur l’échelle de la confiance. Indice limpide d’une appréciation.

Malgré cet instant-poignard de la fin d’une histoire…
Malgré les réponses promises qui ne viennent jamais…
Malgré qu’on ait eu l’impression de se tromper, d’être leurrée et de ne pas s’en être rendu compte, comme un con qu’on n’est pas du tout au fond, mais ça semble être la seule explication à la situation fatale de la fin finale froide et fuyante. FIN. The End. Point.
Malgré cette réalité sciante…

Il y a cette possibilité qu’il n’ait s’agit que d’une rencontre qui n’était pas la bonne.
Il y a l’option qu’il n’y ait pas d’explication supplémentaire et que ce soit correct ainsi.

Malgré que tous ces mots ne guérissent pas leur éternel homonyme…

Malgré tout.
Et « à cause des malgré »*.
« Il nous faut voir un peu, différemment les choses »*…

*Céline Dion « À cause »