Aventure d’exploration

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Quand tout est facile, il n’y a rien de vraiment important.

Victor-Lévy Beaulieu

Ce qui a été important depuis l’écriture du dernier billet sur ce blogue, c’est toute une aventure! Une aventure d’exploration professionnelle qui a flirté avec cette passion pour l’apprentissage qui survient immanquablement quand ce n’est pas facile …

On se disait, dans ce local exigu où on était rassemblés qu’on savait bien des choses à propos de ce qui est reconnu efficace en enseignement-apprentissage de l’écriture. On le savait, oui, mais entre le dire et le faire, le faire consciemment et le faire à tout moment, il y avait une marge… On était loin de se douter qu’il y avait en fait des mondes, des monts, des vents et des marrées.

C’est parce qu’on s’est lancés à la recherche d’un possible transfert entre la théorie inhérente à la classe-atelier (écriture-lecture) et la pratique en contexte secondaire québécois qu’on a appelé ça une aventure! On a cherché à développer des habiletés à partir de nos connaissances et une compréhension de plus en plus grande du lien entre les actions que l’on pose et leurs impacts.

J’étais et je demeure engagée dans cette exploration depuis mai 2017 officiellement. C’est ce qui explique, en grande partie, mon silence ici alors que je continue à vouloir partager, reconnaitre et propulser  et .

 

 

Plonger dans les méandres de l’écriture…

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Plonger dans les méandres de l’écriture, dans le quotidien d’un auteur. Rencontrer des hommes et des femmes qui nous racontent le monde au travers de leurs yeux, grâce à leur voix. Celle qu’on n’entend pas. La voix de l’auteur. Écrire des textes qui portent notre voix, c’est un cadeau communicationnel très précieux. On s’est créé, l’Homme s’est créé un système qui communique le savoir et l’histoire au travers des années, des siècles, des millénaires. Aucune autre invention n’est aussi essentielle. Essayons d’imaginer le monde sans écriture. Un instant… Allons!

Par chance, l’homme en prend soin! Il a créé une façon de coder la langue pour qu’on ait de quoi la rendre vivante par écrit, la décrire, l’amener à nous révéler tous ses secrets. 

Elle est mouvante, la langue. Elle se lance à l’aventure, flirte avec d’autres cultures, se fait des balades outre-mer à la vitesse de l’éclair, s’estropie pour courir plus vite. Elle grandit, évolue. Chaque année, de nouveaux mots entrent dans le code de la langue. Elle se programme, se met à jour, et on continue à en étudier la vague, les migrations. 

On la voit se balader en ligne sous de nombreux atours. 

« Qui se cache derrière les propos? Comment se l’imagine-t-on en se fiant à ses mots écrits? »

Comme si l’écriture, en ligne ou non, était un reflet, une extension de soi…

Qui veut-on être? C’est une longue route, se connaitre. Écrire aide à se découvrir, à se comprendre.

Écrire, c’est un geste authentique qui permet de partager. Reconnaissons-nous! Faisons entendre nos voix et faisons-le bien, de mieux en mieux, en suivant la vague de notre langue.

Et en septembre avec un certain nombre de nos élèves…

 » Cette année, je vais vous partager les découvertes que j’ai faites sur notre langue belle, et vous allez pouvoir essayer des techniques d’auteurs et voir ce qu’elles vous permettent de faire mieux, un peu, chaque fois. »

Personnalisons…

« Il y aura beaucoup de moments où tu devras prendre tes propres décisions au regard de ton texte. Ces choix te reviennent. Tu es l’auteur. Je pourrai te guider, te montrer des techniques, te faire des propositions mais, au final, c’est toi le capitaine de ton navire!

Parfois, tu voudras que je te dise comment faire, eu je ne saurai peut-être pas. Alors, tu pourras te tourner vers d’autres auteurs, ceux de la classe et ceux des livres de notre bibliothèque.

Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est que tu aies confiance quand tu prends ton crayon. Confiant comme Lucky Luke. Et que tu dégaines plus vite que ton ombre!

Tu écriras pour réfléchir et réfléchir encore, pour explorer les divers chemins et préciser le tien.

Je souhaite que tu te surprennes, que tu vois tout le chemin que tu parcours en tant qu’auteur.

Je souhaite que tu t’amuses avec les mots.

Je souhaite que tu t’offres le plaisir d’écrire, et de lire d’autres auteurs, encore et encore!

Que tu évolues grâce aussi à tes partenaires.

Je souhaite qu’on apprenne ensemble. Montre-moi. Partageons.

Fais-moi confiance! J’ai quelques années derrière la cravate. Des années à aimer notre langue. À la tatouer sur une feuille ou un écran, à en imprégner mes yeux et à la chuchoter ou la hurler. 

Je l’ai étudiée et décortiquée. J’en ai craqué le code en bonne partie!

Je me suis intéressée à des questions comme:

– Pourquoi certains auteurs sont-ils aussi géniaux? Comment font-ils?

– Qu’est-ce que ça change si on ne suit pas les règles?

– D’ où viennent les idées?

Bref, bienvenue dans ma classe-atelier! »

Et pour vous, qu’est-ce qu’écrire?

X-X’ : se représenter le changement

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On entend souvent : « Soyez le changement que vous souhaitez voir s’opérer! » Cette phrase fait partie de la catégorie des « facile à dire! » Le concept de changement n’est pas simpliste, Marc-André Girard, dans son ouvrage Le changement en milieu scolaire québécois, c’est impossible, expose bien la dynamique complexe ( attention, complexe n’est pas synonyme de compliquée!) de changement. Il ne suffit pas de souhaiter quelque chose pour que ça survienne… Cela relève de la pensée magique ou du modus operandi de l’enfant-roi! Et plus on espère que quelque chose autour change, plus la colère grandit et gronde. Le fait est que le désir nait de l’individu qui perçoit la nécessité d’un changement dans la situation qu’il vit. Ainsi, il apparait logique de considérer cet individu comme faisant partie de l’équation de changement… ou du non-changement.

J’étais assise sur mon divan et j’observais tout le ménage qui devait être fait en additionnant les éléments, en allongeant la liste pour en faire une de renouveau printanier. Je suis restée sur mon divan, car la tâche est rapidement devenue beaucoup trop colossale! En fait, si j’avais ciblé ce qui m’aurait satisfaite ce jour-là (ramasser les traineries et passer la balayeuse), je me serais mise en action me sachant capable de rencontrer mes exigences du jour plutôt que de me laisser submerger par tous les « faudrait ben ». Quand on regarde les plans d’entrainement pour la course, on voit bien que l’objectif n’est pas le marathon dès le jour 1! Encore une fois, les grands pédagogues que furent les New kids on the blocks avaient raison : « Step by step »! Vigotsky, sans doute plus crédible que la précédente source, parle de la zone proximale de développement, ce qui est à la portée de l’individu à ce moment précis.

Pour passer de la situation actuelle à la situation souhaitée, il importe de savoir cibler ce qu’il est essentiel de changer, ce qui est problématique. On vise souvent très large : on veut tout régler. On souhaite que ce sur quoi on n’a pas de contrôle change. Ou on tire dans tous les sens et on s’épuise, on ne remarque pas ce qui a évolué et on est éternellement insatisfaits. C’est une lecture qui s’applique à plusieurs et dans beaucoup de domaines de la vie… n’est-ce pas? 🙂

J’étais en rencontre avec des collègues dont l’esprit scientifique n’était pas bien servi par mes mots, j’ai donc opté pour une schématisation en langage mathématique!
Et j’ai dessiné avec vigueur sur le tableau. J’aurais aimé dessiner sur les murs… Ça viendra!

« On a un point de départ, X. C’est la situation connue. On veut pouvoir effectuer un changement pour se rendre à X’. C’est la situation souhaitée, le moment où on sera satisfait. Pour ce faire, il faut engager des actions qui permettront que le changement désiré s’opère, que l’on passe X à X’ grâce à Y. Ce sont les actions choisies. »

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Est né de ce moment avec mes collègues que j’adore un schéma que l’on a appelé X-X’ et que l’on utilise pour bien comprendre une situation, pour aider à réguler une démarche de changement et pour garder le cap.

Ce que j’observe, c’est qu’il est vraiment facile de se laisser détourner, de perdre le fil, de changer de cible ou d’en ajouter plusieurs en cours de route. Il y a toujours de bonnes raisons. Les plus fréquentes sont le manque de temps ou le « mais ça aussi, c’est important! ». À ce moment, je me demande à quel point le changement identifié était le plus important. Peut-être n’était-il pas bien ciblé. Peut-être est-ce que « Y » demandait trop d’énergie ou d’effort. Peut-être a-t-on tenté une intervention (Y), rien n’a évolué et on a choisi de jeter la serviette d’un geste fataliste, découragé. Peut-être…

Tous ceux qui ont écrit au sujet de la dynamique motivationnelle et de l’engagement mettent en lumière les éléments qui peuvent alimenter ou tuer le désir de changement. D’abord, puisque les croyances sont ce qui guide nos actions, il est clair qu’une pensée défaitiste ou fixiste aura un impact sur notre capacité de changement. « J’ai tout essayé, il n’y a rien à faire. » « Je ne peux rien y faire, c’est à eux de changer. » « Je sais ce que je pourrais faire, mais je n’y arriverai pas. » « Imagine tout ce que je devrai faire en plus, j’en ai déjà suffisamment sur les bras. » Carol Dweck parle d’un état d’esprit qui influence nos actions (voir le billet sur le Growth mindset). En outre, ne pas savoir comment y arriver, ne plus voir d’issue possible, affecte la perception de contrôle sur la situation, facteur important dans l’engagement. Aussi, la réelle valeur que l’on accorde au changement souhaité est cruciale tout comme le sentiment de capacité à relever le défi. Si l’un ou l’autre de ces facteurs est altéré, la motivation est ébranlée et l’engagement en souffre.

À quel point veut-on que ça change (importance)? Sur quoi a-t-on du contrôle (réalisme)? À quel point se sent-on capable d’y arriver (confiance)? À quel point se permet-on d’essayer? Quelle est notre relation avec la notion « d’erreur »? Comment perçoit-on les tentatives qui n’apportent pas entièrement le changement souhaité?

Parfois, être accompagné, challengé, permet de gagner en confiance et de mieux cibler ce sur quoi on souhaite plancher. L’autre nous permet de prendre une distance et de regarder la situation avec une autre paire de lunettes. Quand on est trop près de l’arbre, on ne voit plus la forêt, dit-on! Pas fou!

Je dis toujours (avec chaque fois la chanson de Tonton David en tête) « Chacun son chemin »! Je suis persuadée que chaque individu peut réussir à avoir une influence plus qu’importante sur le changement qu’il souhaite réellement voir s’opérer. Je suis aussi persuadée qu’on peut tous être le partenaire de quelqu’un pour accompagner les réflexions, poser les bonnes questions, challenger les idées, les conceptions, ramener l’individu à son X-X’ et lui permettre de remarquer l’influence de ses actions (Y) sur la situation.

Bref, je veux connaitre ce que la personne vit (X) et ce qu’elle souhaite voir comme changement (X’). Je veux aussi lui permettre de trouver ce qui lui apparait être la première chose à faire (Y) pour que ce qu’elle souhaite qui change change. Je sais que la possibilité d’en parler avec un partenaire permet d’organiser sa pensée et de tracer son chemin. Je sais que ce n’est pas moi qui ai les réponses de l’autre. Il peut arriver qu’ensemble on mette de l’avant une tempête d’idées, que je mette en jeu certaines connaissances/expériences pour poser un regard différent sur la situation. Le choix revient à celui qui est au volant, aux commandes : l’individu sur son propre chemin.  « Fais confiance au chauffeur », dit Fred Pellerin, et quel conte ça donne!

Collègues, sources d’inspiration

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Les ateliers d’écriture… les units, les writing workshops, les minileçons, le référentiel d’intervention en écriture…

Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, ces mots sont abondamment prononcés dans mon quotidien! Où que j’aille dans des rencontres pédagogiques, j’en entends parler.

Une mode. On croirait à ça! Un miracle. On attend ça!

Baillargeon, dans son livre Petit cours d’autodéfense intellectuelle, nous met en garde contre les modes, les phénomènes grégaires, la quête d’un Saint Graal; les mythes et les légendes naissent des échanges remixés par le téléphone, celui auquel on joue!

Je suis un fervent amoureux de la science, dit-il. La science est le meilleur moyen que l’humanité ait trouvé pour connaître. On sait peu de choses, notre savoir est limité, et la science est un moyen limité de connaître, mais c’est le seul dont on dispose.» La science et un petit guide d’autodéfense intellectuelle, pour affronter la vie.

J’ai donc entrepris de lire, de lire et de lire ces livres publiés par Heinemann-dedicated to teachers MD, Chenelière Éducation, ces articles du CTREQ, des Presses de l’universités, etc. J’écoute plus aussi. J’écoute nos échanges pédagogiques, nos traductions de la réalité, et je tente de comprendre la situation en m’appuyant sur toutes les lectures faites jusqu’à présent qui sont des outils intellectuels pour réfléchir à une situation, la comprendre et pouvoir en influencer le cours.

 

Au fil de mes lectures au sujet des AE, j’ai découvert la structure  de Calkins, l’organisation d’Atwell, l’ouverture de Kittle, la passion de Graves.

 

Ce que j’y trouve est inspirant. C’est le partage de pédagogues qui prennent plaisir à explorer, à chercher, à découvrir et à créer des parcours d’apprentissage au quotidien puis à partager non pas le produit fini, mais bien le processus en n’épargnant pas les obstacles rencontrés et aussi les solutions trouvées puis les réflexions menées!

 

C’est vraiment plaisant à lire! Ce ne sont pas de lourds résultats de recherche présentés avec rigueur et méthodologie, c’est l’histoire d’une démarche pédagogique racontée avec passion, humilité, authenticité et cohérence. Les personnages principaux sont les enseignants et les élèves, on peut s’identifier à eux facilement! Parfois, dans ce genre de lectures, on peut être secoués dans nos croyances, nos valeurs, nos conceptions, nos perceptions : entre ce que l’auteur propose et ce que le lecteur a comme vision du monde à ce moment, il peut y avoir un écart. On appelle ça réagir à une œuvre! Il importe alors de questionner ces réactions pour mieux se connaitre comme pédagogues. C’est pour cette raison que je crois profondément en la richesse d’un partage pédagogique entre passionnés de l’enseignement-apprentissage : on peut réfléchir différemment au contact de l’autre. C’est d’ailleurs l’objet des remerciements de Kittle au début de son livre Write beside them – risks, voice, and clarity in high school writing.

 

Pour écrire des livres, des billets de blogue, des articles en éducation ou encore pour prendre la parole en rencontre, ça prend beaucoup d’humilité. Aussitôt une pratique ou une pensée partagée, elle se retrouve soumise au jugement, car disons-le-nous, on est vite sur la gâchette critique : pelletage de nuages, mes élèves ne sont pas rendus là, ce n’est pas ce dont ils ont besoin pour enrayer leurs difficultés, ça vient des États-Unis, ils n’ont pas les mêmes programmes, qu’on commence par nous donner des conditions adéquates, etc. Ce sont, pour certaines, aussi mes répliques en cours de route… Or, plus j’explore ce que nos collègues partagent, chacun à sa façon, plus je saisis l’essence de ce qu’il y a de commun entre leurs pratiques d’enseignement de l’écriture par, pour et avec l’oral et la lecture.

 

Je découvre alors ce qu’avec mes collègues, sources d’inspiration quotidienne, on a appelé la philosophie des AE. Et cette philosophie se traduit par des attitudes et des comportements. Les comportements sont en fait l’action quotidienne, le scénario de la démarche d’apprentissage, le quoi et le comment, la rassurante et nécessaire sécurité organisationnelle, la traduction concrète de tout ce qu’on sait, qu’on souhaite et qu’on croit. Les attitudes sont alors le pourquoi, les raisons, les croyances, les réflexions, les valeurs, etc. Et puisque « nos actions sont dictées par nos croyances », bien que le quoi et le comment rassurent, si le pourquoi est nébuleux, si le feu qui nous anime est vacillant, il demeure une forme d’insécurité, celle de l’incertitude, du manque de conviction. C’est peut-être le moment où on cesse de croire qu’il y a des solutions.

 

Pourtant, en réfléchissant ensemble sur nos pratiques et sur les apprentissages que nos élèves font, on développe constamment notre jugement professionnel qu’on finit aussi par reconnaitre. Reconnaissons-nous comme professionnels! Exerçons et partageons en professionnels! On a l’avenir entre les mains!

 

 

À venir

Pour découvrir l’essence des AE ainsi que des pistes pour vous accompagner dans vos réflexions et vos choix, cliquez ici (thinglink)

CAP ou pas CAP

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J’entends toujours Guillaume Canet et Marion Cotillard quand je dis, je lis, j’écris « CAP ou pas CAP? » Ça sonne d’abord comme un challenge, un défi lancé. J’ai donné une touche de majusculisme à plusieurs lettres pour leur insuffler une deuxième vie sémantique. Dans les lignes qui se tailleront une place sur cette page, il ne sera pas question de cap comme dans capable, mais bien de CAP comme dans la force d’une équipe d’experts, le travail collaboratif entre professionnels de l’enseignement et comme dans l’apprentissage de tous, petits et grands. CAP comme dans une culture professionnelle socioconstructiviste qui prend racine dans un état d’esprit de développement (Growth mindset). 

Aparté:

Lucy Calkins et son équipe ont, pendant trente années, réfléchi à ce que signifiait enseigner l’écriture et la lecture. Ces chercheurs du quotidien ont expérimenté un enseignement morcelé. À quoi un auteur réfléchit-il quand il écrit? Quels sont les moyens auxquels il peut choisir de faire appel? En décortiquant ainsi une compétence, on la rend accessible et on permet aux apprenants de savoir ce qu’ils sont en train de faire, d’apprendre et d’en parler, de parler de leur écriture, de leur lecture.

Cette démarche, qui a donné naissance aux unités d’apprentissage détaillées, m’a amenée à me questionner au regard des CAP. À quoi un « CAPeur » réfléchit-il quand il s’inscrit dans une démarche au sein d’une CAP?  Quels sont les moyens auxquels les CAPeurs peuvent choisir de faire appel? Comment décortiquer le fonctionnement des CAP?  Plusieurs ressources existent pour nous informer sur la théorie entourant la mise en place de CAP : capsurlareussite.caPremier pas : transformation culturelle de l’école en communauté d’apprentissage professionnelle, etc. Les paramètres logistiques sont clairs: créer du temps de rencontre, déterminer un objectif de travail, observer la situation en cueillant des données, réfléchir aux ajustements à apporter à nos interventions pour guider l’apprentissage souhaité en le rendant accessible, en le morcelant, échanger  avec ses collègues pour prendre du recul, cueillir d’autres pistes, consolider ses choix professionnels et ainsi de suite toujours dans le but d’atteindre un objectif choisi.

Sur ces bases, concrètement, un CAPeur observe comment se manifeste l’apprentissage de l’élève, des élèves. Il se demande quels apprentissages, parmi ceux qui ont été guidés, sont faits et lesquels ne sont pas faits, quels apprentissages pourraient être faits pour continuer à développer des habiletés d’auteur, de lecteur, d’algébreur (!), d’organisateur, de musicien, d’animateur, etc. Autrement dit, il observe le travail de l’élève avec l’intention d’y trouver des manifestations d’apprentissages et de cibler la prochaine étape de cet élève ou de ces élèves. Il observe aussi pour planifier son enseignement et choisir des interventions adaptées.

Pour arriver à prendre cette distance et à préciser ses attentes, le CAPeur s’associe, il s’inscrit dans une communauté où chaque membre CAPeur a choisi de prendre part à une démarche collaborative où l’expertise, le bagage, les réflexions de chacun sont mis à profit. Dans les livres, on appelle ça le socioconstructivisme. Quand je dis des mots comme ça, on me dit d’arrêter de sortir des mots à 100$. Je le sors pareil! « Au yâbe les dépenses! »Ne me prêtez pas d’intention supposée, mon seul but est d’utiliser le vocabulaire spécifique à notre champ d’expertise, un métalangage commun aux professionnels en éducation que nous sommes.

Quand les CAPeurs parlent entre eux, ils se demandent aussi comment accompagner les élèves aux prises avec des difficultés pour les amener à progresser à partir de là où il sont.  Les praticiens réflexifs des CAP croient en l’existence de possibilités pour que chacun progresse et savent que les rythmes et les chemins sont variés. Chaque année, on espère que les groupes d’élèves qui s’installeront dans nos vies nous feront rencontrer des élèves ayant tous un point de départ, un « déjà-là » similaire. Chaque année, la réalité demeure: tous les élèves d’un même groupe ou d’un même niveau n’ont pas le même bagage pour diverses raisons. Une réalité. Un constat. Vous avez raison, cette situation n’est pas simpliste à gérer. Quand les dispositifs utilisés ne donnent pas satisfaction, on envisage des changements, et ce mot, dans la vie, c’est toujours inconfortable, voire effrayant! Quelle garantie de gains a-t-on à investir autant d’énergie à se rassembler? À quel point est-ce qu’on se sent en mesure de s’arrêter, au travers le tourbillon du quotidien, pour réfléchir sur la pratique? Pourrait-il y avoir jugement en cours de route? Est-ce nouveau comme contexte? Imprévisible? Oui! Bingo! Facteurs d’engagement et de stress rencontrés… pas étonnant qu’on hésite et que la zone d’action qu’on connait soit beaucoup plus attirante! Et là, on se rassemble, on met nos lunettes de praticiens réflexifs, on prend le recul nécessaire. On y arrive souvent ensemble. On observe ces réactions humaines que l’on vit, on les nomme s’il le faut puis on trouve des moyens de cheminer en respectant les limites, les freins de chacun, et en axant notre travail collaboratif sur notre objectif de pratique professionnelle: l’apprentissage. Les CAPeurs parlent des apprentissages faits et des apprentissages pas encore faits (not yet).

Quand les CAPeurs se rassemblent, se regroupent, deux choix s’offrent à eux. Soit ils font l’inventaire de ce qui ne va pas et misent sur la part de non-contrôle, soit ils unissent leurs forces, leurs connaissances, leurs compétences pour envisager diverses avenues d’accompagnement, pour nourrir les possibles. Les CAPeurs réussissent de plus en plus consciemment à emprunter volontairement la deuxième voie sachant la première plus chronophage et énergivore.

On sait qu’il n’existe pas de miracle one size fits all, que parfois, ça peut prendre des semaines, voire des années, pour trouver une clé. Gardons le cap sur notre objectif commun, navigons dans notre champ d’expertise, l’apprentissage, ensemble. Chacun a ses paramètres de vies, son bagage, c’est ce qui fait d’ailleurs de chacun ce qu’il est. Nous avons le privilège de pouvoir prendre part à des vies, nous avons une fenêtre d’influence importante dans la vie des gens que nous côtoyons au quotidien. Comme un ingénieur devant un pont à bâtir ou une structure complexe à réparer, bâtissons des chemins d’apprentissage et manoeuvrons aux coeur de ces structures complexes que sont les perceptions, les ancrages, les résistances, les croyances de chacun.

Si c’était simpliste, ça n’exigerait pas un travail de pros! Cela étant dit, ce n’est pas obligé d’être compliqué parce que c’est complexe, ce peut être simplement complexe et professionnellement traité!

Merci à tous ces collègues avec qui j’ai le plaisir de partager et d’apprendre tous les jours! Ensemble, on se permet, à notre rythme et selon les divers obstacles rencontrés, de devenir des CAPeurs, d’apprivoiser une autre façon de fonctionner tellement nourissante, mais aussi confrontante! C’est grâce à ces expériences, où on vit des tentatives, des essais, des ratés et aussi des succès, que les lectures théoriques prennent vie, et que ce billet s’écrit comme une réflexion partagée au sujet de ce qu’une CAP implique pour le professionnel qui choisit de s’y engager.

Alors, CAP ou pas CAP?

 

 

 

Réfléchir dans une optique de « Growth mindset »

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On m’a approchée dernièrement pour que je participe à un partage de pratiques, à titre de panéliste lors d’un webinaire au regard du Growth mindset. Dans les circonstances principalement collégiales et universitaires de ce second webinaire du CAPRES, mon 1er réflexe a été de douter de la pertinence de ma participation. Or, il se trouve que nous travaillons tous et toutes avec des individus qu’ils soient élèves, étudiants, collègues enseignants, CP, directeurs…

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C’est donc sur cette base commune de travail avec l’individu que je me suis jointe à l’équipe de panélistes avec l’intention de partager très humblement là où, jusqu’à maintenant, réflexions partagées, lectures et analyses de pratiques m’ont menée, et ce, au regard du Growth mindset.

D’abord, voici une représentation sommaire de la théorie du Growth mindset de Carol DweckCe cadre théorique permet une prise de conscience de l’impact du discours interne de l’individu sur sa façon d’aborder les situations. Cet état d’esprit est alimenté par de nombreuses expériences vécues, paroles entendues, attentes perçues, etc.

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Dans cette représentation du Growth mindset, la zone d’influence qui est la nôtre, c’est cet espace entre l’état d’esprit figé et celui en perpétuel développement. Chacun de nos choix d’intervention peut avoir une incidence sur le renforcement de l’un ou l’autre de ces états d’esprit.

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Nos croyances, nos conceptions

Nos propres conceptions relatives à l’intelligence, l’autonomie, ce qu’est un bon apprenant, un bon lecteur, etc. influencent nos actions ou nos paroles qui, elles, induisent l’un ou l’autre de ces états d’esprit. Lorsqu’on aborde un sujet dans une optique d’apprentissage, amener ces conceptions au conscient permet de poser un regard beaucoup plus lucide sur l’objet à l’étude et sur l’état d’esprit de l’apprenant.

La planification et l’évaluation

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Une planification de l’apprentissage est souvent linéaire et alimente un état d’esprit fixiste. Or, la réalité nous a montré à maintes reprises qu’elle s’efforçait de modifier tous les itinéraires en les pimentant d’obstacles. En ce sens, planifier le parcours en tenant compte de sa non-linéarité, de la nécessité de l’effort pour surmonter les obstacles alimentera une état d’esprit tout autre.

Une planification au service d’un Growth mindset rend visible le point d’arrivée (les objectifs d’apprentissage) dès le début de l’aventure, amène au conscient les acquis de chacun qui serviront son avancement et met en lumière les obstacles possibles et des pistes de solution. C’est la phase de préparation. Ainsi pilotée, elle inclut l’élève dans l’aventure d’apprentissage, lui redonne une part de contrôle et lui fait voir la valeur, l’utilité de l’aventure d’apprentissage.

S’ensuit la phase de réalisation lors de laquelle l’apprenant apprend, explore, organise, structure l’objet d’apprentissage. Pendant cette phase, des évaluations d’aide à l’apprentissage ont lieu parfois sous forme de rétroaction spécifique axée sur les processus (nous y reviendrons bientôt), parfois sous forme d’évaluation formative permettant à l’élève de mettre à l’épreuve les apprentissages faits jusqu’alors afin de mettre en évidence le chemin parcouru et celui qui lui reste à parcourir.

« Quand on sait ce qu’on ne sait pas, on peut apprendre », affirme le désormais très célèbre John Hattie.

Grâce à cette évaluation « formative » en cours de parcours, l’apprenant peut corriger le tir. On peut l’amener à s’associer à d’autres camarades susceptibles de l’aider à réfléchir à ses apprentissages, à surmonter les difficultés, procéder à des regroupements par sous-groupes de besoins ciblés, animer des mini-leçons, etc. Ce sont quelques-unes de nombreuses interventions qui peuvent être menées pour guider la suite à partir des constats de mi-parcours.

La phase d’intégration est une phase incontournable dont on sous-estime souvent le pouvoir. C’est lors de cette phase qu’on permettra à l’apprenant de poser un regard sur l’impact des choix qu’il a faits au regard de sa progression, de sa réussite. Qu’est-ce que tu as déployé comme stratégies? Que t’ont-elles permis de faire? Si tu pouvais revenir en arrière, que ferais-tu différemment?

L’objectif de la phase d’intégration est de mettre en lumière tout ce qui sous-tend la réussite, le processus inhérent. Ce qui souvent reste dans le monde de l’inconscient. Il s’agit de faire prendre conscience à l’apprenant qu’il a le pouvoir de faire en sorte que les choses arrivent. Que le succès ne peut être occasionné par personne d’autre que lui. Demander de l’aide est une stratégie qu’il choisit de déployer au même titre que celle d’essayer, d’écouter les conseils, d’être attentif devant une modélisation, de participer à une pratique guidée, à un webinaire(!), etc.

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La rétroaction

La rétroaction aussi est un élément d’influence non négligeable. En fait, formulée adéquatement, la rétroaction incite l’éclosion du growth mindset en faisant prendre conscience à l’élève de son processus et du contrôle qu’il peut avoir sur sa réussite, alors que formulée de manière inadéquate, elle peut faire des ravages.

Une rétroaction inefficace, voire dommageable, est non spécifique, se présente sous forme de louanges, est axée sur l’être plutôt que sur ses actions et alimente le fixed mindset.

C’est beau! Ce n’est pas bon. B+. Tu peux faire mieux. S. Ce n’est pas tout à fait ça, quelqu’un sait? Wow! Tu es intelligent! Tu es bon! Tu es rapide! T’es un petit vite toi! Ouf! Tu n’es pas vite, vite!

Une rétroaction efficace est spécifique et axée sur le processus

Le fait que tu aies choisi de faire cela en premier t’a permis de…, Tu as choisi d’agencer le mauve et le rouge, es-tu satisfait du résultat? Ici, ce n’est pas le bon choix de pronom personnel. Je suis fière de toi: quand tu as rencontré un obstacle, tu as accepté l’aide de ton camarade.

Le délai de rétroaction influence son incidence. Plus la rétroaction est éloignée de l’action, moins elle a d’impact durable sur l’apprentissage.

 

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La pratique réflexive ou encore l’analyse de pratique

Il s’agit d’un autre angle d’intervention qui peut influencer l’état d’esprit de l’individu. Lorsqu’on se permet humblement un temps d’arrêt pour expliciter sa pratique, ses actions et leurs fondements, que l’on met en évidence les similitudes et les différences entre sa pratique et celle d’un autre ou encore d’un cadre théorique, qu’on identifie les forces et les limites de chacune et qu’on s’efforce de percevoir la transférabilité de certains éléments dans notre propre pratique, on favorise l’éclosion du growth mindset. Au contraire, lorsqu’on s’isole et qu’on craint le regard de l’autre, on cristallise un état d’esprit figé.

 

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Cette image illustre le fait que de cultiver un état d’esprit figé où le savoir est la clé peut être confortable puisqu’on se sent en contrôle. Or, la zone où tout devient possible est celle où on se permet de se questionner, de réfléchir, et celle où on se laisse surprendre par ce qui survient est celle où on se permet d’essayer, de se tromper, de créer…

Des outils intellectuels

Que ce soit au regard de nos croyances/conceptions, de notre planification/évaluation, de la rétroaction ou d’une analyse de pratique, des outils intellectuels sont essentiels pour guider nos interventions.

J’en ai retenus trois, les trois principaux, c’est-à-dire les six sphères du questionnement métacognitif, la théorie du stress exposée par Sonia Lupien et la dynamique motivationnelle dont l’appellation provient de Viau, mais dont les fondements sont consolidés par moult auteurs, en d’autres termes, dont Bandura (SEP) et Boekaerts.

La vie en rose!?

Exposée ainsi, une pratique axée sur la conscience de l’influence de nos actions peut paraitre rosée. Y a-t-il des obstacles sur ce parcours? Des défis? Certes. La culture de l’enseignement où l’enseignant sait et transmet, la culture de l’apprentissage où la progression est linéaire, où le point de départ de tous doit être similaire, et la culture de l’évaluation qui sert quasi exclusivement à sanctionner sont à remanier. Plusieurs facteurs externes interviennent dans cette analyse. Un état d’esprit figé nous amènerait à ne prendre que ça en considération et donc à conclure que nous subissons ces circonstances. Or, puisque nous sommes dans un état d’esprit où le développement est perpétuel, nous savons que nous pouvons faire en sorte que les choses changent, en commençant par une pratique réflexive sur nos actions individuelles.

Les principaux défis ont trait à l’individu, à ce discours interne déjà bien ancré, figé, à cette ouverture à la réflexion. L’individu, c’est moi, c’est vous, c’est lui, c’est elle.

Au début, je vous ai mentionné que je doutais de la pertinence de ma participation pour des raisons circonstancielles. C’est ce fixed mindset qui s’imposait. En m’inscrivant consciemment dans un growth mindset, j’ai influencé l’individu que je suis à essayer, à réfléchir, à partager, à s’engager.

 « Il ne faut jamais sous-estimer l’influence que l’on peut avoir sur les autres » – Pierre Demers

 

CADRE 21

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Le Centre d’Animation, de Développement et de Recherche en Éducation au 21e siècle a ouvert ses portes le 21 janvier 2016. Situé au 1940, Henri-Bourassa E à Montréal, cet espace propice à la collaboration et à la création peut accueillir des groupes de pédagogues francophones de tous azimuts. Mais le CADRE 21 ne se résume pas à un lieu, loin de là!

Un tourbillon de réflexions occasionné, dans les dernières années, par des constats multiples au regard de l’éducation (désengagement manifeste des élèves, dévalorisation de la profession, stagnation des pratiques malgré les avancées en sciences de l’apprentissage, défaitisme ambiant, taux de décrochage estudiantin et enseignant élevé, etc.) a poussé plusieurs intervenants scolaires à tenter de repousser les limites du lieu physique où ils exercent leur profession. Grâce aux médias sociaux, un réseautage professionnel s’est développé et se développe encore rassemblant de nombreux pédagogues soucieux de réfléchir aux avenues envisageables de changement qui permettraient d’intervenir pour favoriser la quête de l’apprentissage, essence de notre adhésion au monde de l’enseignement.

« L’École de demain« , de quoi a-t-elle besoin? D’enseignants dont on valorise la profession, d’enseignants qui croient en la valeur de leur profession, en l’importance de nourrir continuellement leur pratique en ce 21e siècle de mouvances rapides au coeur desquelles demeure pourtant et toujours l’être humain, l’individu, le praticien réflexif, l’apprenant perpétuel.

Le CADRE 21 vise, entre autres, la mise en valeur du développement professionnel des enseignants par le biais d’un lieu permettant la réflexion collaborative, mais aussi par le biais de l’implantation d’un système de formation continue balisé par des badges numériques répartis sous trois domaines: les pratiques pédagogiques, la gestion de classe et les TIC au service de l’apprentissage. Chaque domaine offrira un certain nombre de pratiques à explorer, et ce, en quatre niveaux dont l’ultime n’est pas celui de virtuose, mais bien celui d’accompagnateur.

Hier, 2 février, nous avons eu le privilège d’être guidés dans notre découverte de l’endroit par le coordonnateur, M. Jacques Cool, qui a su nous expliciter les fondements, les réflexions, les intentions, le processus… l’âme de ce projet novateur et audacieux qui vise clairement à susciter une démarche réflexive de l’enseignant au regard de sa propre pratique et à la reconnaitre dans un cadre où liberté et rigueur se marient. Les étoiles dans ses yeux et l’enthousiasme communicatif dont il faisait preuve montrent bien que le CADRE 21 est propulsé par la passion, cette ressource naturelle qui pourrait bien être la seule renouvelable, selon Doug Reeves!

Profitez des Portes ouvertes qui se poursuivent jusqu’au 4 février, 18 h 00!

Ligne du temps

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Cette nuit, j’ai rêvé qu’on se votait un MAP, un ministère de l’apprentissage. Apprendre, désapprendre,  réapprendre,  c’est le nouveau visage de l’apprentissage. Chaque nouvelle mise à jour de logiciel demande de désapprendre partiellement et de réapprendre. Des emplois qui existent aujourd’hui n’existeront plus, et d’autres auront été créés. La création…

On a un jour opéré un homme au champ de combat avec des scies manuelles, l’alcool ou rien pour tout anesthésiant et des conditions d’hygiène difficiles à se représenter. Si on s’asseyait un moment pour jouer à Timeline médecine, on constaterait la vitesse d’évolution, de changements, de découvertes,  de créations permises par de nouveaux apprentissages. Aux problèmes rencontrés, on cherchait à trouver des solutions et ça continue aujourd’hui.

On a un jour été portés par des chevaux, puis par des chars, des bagnoles, des voitures et des bolides. On retrouve maintenant des engins dont on ne pouvait se douter dans Back to the future.

On a appris à comprendre la mécanique, l’électricité, le corps humain, l’informatique, la robotique et, dans les 15 dernières années,  on a appris à découvrir le cerveau. Les neurosciences sont nées. Et tout récemment, la neuroéducation. Au Québec,  l’ARN, l’association pour la recherche en neuroéducation, a été fondée par Steve Masson, professeur à l’université du Québec à Montréal. Elle vise la diffusion et le partage des nouveaux apprentissages en neuroéducation et le partage d’expertise au niveau mondial afin de tirer profit des découvertes de chacun pour faire progresser la recherche à son plein potentiel.

Comment apprend-on? Est-ce qu’apprendre est polysémique? Est-ce qu’on apprend son numéro de téléphone comme on apprend à dessiner ou à calculer? Comment peut – on guider, favoriser l’apprentissage?

Et si on concevait le jeu Timeline de l’éducation, de quoi cela aurait-il l’air? Où se situe dans le temps l’invention de la feuille mobile? Des pupitres? Du crayon mine et du stylo? De la dictée?  De l’école active ou du mot métacogniton?

Comment cultive-t-on notre passion? Celle qui nous a poussés à oeuvrer dans le milieu de l’éducation, le creuset de demain, le porteur d’hier, le favorisateur de création… C’est en train de devenir quoi notre système d’éducation? Et j’en connais plusieurs profs et intervenants qui inspirent par leur passion!

J’ai appris à faire du ski un jour. Luc m’a appris à skier. J’avais peur, j’étais en position de vulnérabilité et mon ego en prenait un coup! Luc, il m’a acueillie là-dedans. Pas de jugement,  rapidement en sécurité, car il est assuré, solide, ancré. On peut se hasarder, il nous protégera de ce qui effraie. Je n’étais pas seule. Il m’a expliqué, m’a montré, m’a fait pratiquer et m’a amenée à réfléchir à ce qui pourrait être fait pour bonifier mes balbutiements de bébé skieuse. Et à tenter de comprendre pourquoi cela aiderait. Qu’est – ce que cela me permettrait de faire? Le succès visé.  Pas celui d’aller dans les bosses, le succès suivant, mon succès suivant, mon +1. Je partageais la pente avec des bambins entre 3 et 8 ans. Ego. Et je me rends compte qu’on apprend tous. Point. Au diable l’âge! « Il n’y a pas d’âge pour apprendre », disait-on. Aujourd’hui,  on parle de plasticité du cerveau. On observe l’apprentissage par imagerie… Comment fait-on? Comment apprend-on?
J’ai appris à faire du ski un jour. Je me sentais en sécurité. J’avais cette conviction que Luc ne me jugeait pas, qu’il me croyait capable, j’ai eu confiance, j’ai appris. Je dois me pratiquer maintenant. Seule. Mais il se peut que je redemande de l’aide à un autre ou encore que j’en offre un soupçon…

À cet instant, à ce moment précis…

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Il y a cet instant.
Tu sais, l’instant où tu prends le temps…
Ce moment où tu ressens entièrement ce qui t’habite…
Où le temps, tu n’as plus l’impression qu’il te précipite…

Il y a cet instant.
L’appel d’une amie un matin qui te propose un plan de match où l’improvisation aura sa place, une journée peinte à partir d’une palette offrant folie, plaisir et zenitude. Il y a ces soirées où tu choisis la facilité et la liberté que t’offre le taxi! Et tous les autres instants où tu réinventes le monde à grands coups de discussions, où tu attises un fou rire, où tu découvres l’autre un peu plus, où tu te sais davantage.

Il y a aussi les instants capturés, un clin d’oeil subtil, à peine perceptible, le frisson qui court sur ta peau, le lever du soleil, son coucher, une étoile filante, la sensation de ses lèvres sur ta peau.

Et ce bien-être quand tu sais que tu fais ce qui est bon, c’est aussi ça, l’instant. Donner ton ticket de tram à un touriste arrivant dans la ville que tu quittes. Permettre à quelqu’un d’utiliser le temps restant de ton parcomètre. Faire rire l’autre. Rire avec lui! Prendre des nouvelles d’un collègue, d’une amie. Écouter. Trouver le cadeau idéal pour une personne que tu apprécies.

Tu te souviens de ces moments passés à faire des casse-tête qui donnaient la mission à ton cerveau de regrouper les morceaux avec un côté plat pour d’abord établir les balises territoriales de cette toile à assembler avec des graines de patience. Ceux où on s’inventaient des clubs secrets dont le quartier général était le grenier ou le hangar de la maison, on s’écrivait en code, tu t’en souviens?

Tu as gouté cet instant où tu penses à lui. Et celui où tu sens le vent juste à peine plus chaud que ta peau glisser dans ton cou, pas tout à fait rafraichissant, mais velouté, enveloppant. Il y a ces instants où tu te retrouves couché sur le dos, le nez dans les étoiles, l’infini partout et même en toi, la tête prise dans un tourbillon d’idées créatives, de possibles.

Parfois, le moment se présente sous forme de mots, de phrases, d’un regard, d’une main sur ton avant-bras, de l’heure qui t’informe qu’il est 2:22, 4,44, 11:11, 12:34…

À d’autres moments, on te fait un cadeau, comme ça, sans raison, on te dit merci, on t’accompagne, t’accueille, te sourit.

Tu as déjà senti ce moment où la vérité te frappe de plein fouet, où une sorte de vertige s’empare de toi. Tes points de repère valsent, la route s’arrête. Tu es coincé dans ces pensées qui naissent, qui se tricotent en réflexions et dont tu perds le fil. Parfois, la vérité est si foudroyante que le temps où tu as l’impression de piétiner, d’être à côté de tes pompes, dure éternellement! Puis, tu l’acceptes. Tu comprends certains éléments qui t’avaient échappé jusque là. Ta route reprend, sur un nouvel itinéraire.

Ce qui est magique, c’est que tout ça a existé…

Et même s’il ne neige pas, il a neigé.
Et même s’il n’est plus là, tu l’as connu.
Et même s’il y a des « il faut », il y a aussi des « je peux » et des « je veux ».
Il y aura toujours cet instant, ce moment précis.
Maintenant.

L’expertise collaborative

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Hier, une collègue qui m’a associée à Hattie m’a fait parvenir ce lien vers une schématisation des principales conclusions aux recherches de cet homme dont l’ampleur du travail ébranle : les distractions en éducation (ce qui ne fonctionne pas, mais à quoi on accorde beaucoup d’importance) et les solutions (ce qui fonctionne et qu’on gagnerait à mettre de l’avant). La partie relative aux solutions est sous-titrée « expertise collaborative », j’adore!

Il s’en est passé des choses hier, car j’ai aussi envie de vous dire le plaisir que j’ai eu à échanger avec d’autres pédagogues passionnés lors d’un évènement pédagogique indépendant, le premier USPPP (Souper Pédagogique Presque Parfait) de Joliette. Une première qui aura des suites en septembre, avis aux intéressés! Il aura été question, entre autres, de badges numériques, de décloisonnement d’expertise, de collaboration, des premières années de carrière, de ce qui survient lorsqu’on sort de notre zone de confort, de défis relevés et à relever, de la puissance des doutes, de réseautage et de besoins d’élèves (littérature, genre de cours, rétroaction en processus de découverte, impact du stress vécu par l’enseignant sur ses élèves, etc.) – quelques traces sur Twitter

Enfin, je me rends compte de cette richesse collective que nous avons, je me rends compte que mes collègues de tous azimuts me propulsent, me déstabilisent, me permettent de vivre le doute qui me pousse à son tour à aller de l’avant, à rechercher un équilibre. Jamais éternel cet équilibre. Tant mieux! Car contrairement à M. Bergeron, je ne prone pas l’immobilisme et considère qu’en éducation, comme partout ailleurs, l’actualisation constante et éclairée de notre potentiel est une trame de fond qui n’est certes pas de surface!

Voir la réponse de Marc-André Girard à  ce texte de M. Bergeron.